Martin Miguel
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« Dialogue du néant et du sensible »

25 exemplaires 2006

1

Un cœur battant

dans ta poitrine

émerge du néant

face aux mondes

sensibles

 

Il fait une chaleur d’hiver

dans tes yeux

monotones

émerge un regard

indocile

qui du fleuve  à la mer

se noie

et va l’éternité sur une

haute terre

 

2

Le monde

dans tes yeux

et le noir de la nuit sidérale

tu les nommeras

pesanteur

puis tu écouteras ton cœur

dans le chant des étoiles

un  soir de transhumance

tandis que de la nuit monte un chœur

retenu

et que le vent du soir se fait silence

Quel astre

maintenant

dans tes racines illumine ta main

en prière

 

3

Un soir de transhumance

sois la terre

ou

son regard dans les étoiles

quand va l’éternité

 

De la nuit monte

en un chant retenu

l’angoisse des vivants

sur une haute terre

 

4

M’étreint un seul amour

celui des ombres

 

Mais voici l’épaisseur du temps

chancelante

et les étoiles

dans la nuit montent

un soir de transhumance

 

 

 

5

Dans le commencement du jour

monte un chant retenu

le sol s’ouvre

comme ta lèvre

une parole jaillit

une étrangère

que le monde saisit

à son premier matin

 

 

 

6

En bord de mer

ta silhouette

et ton regard

vers une haute terre

en attente d’une parole

 

 

 

7

Dans son regard fixée

l’attente

interminable du jour

qui lève

cependant que retourne l’amour

vers des terres

sans âme

l’immaculée n’existe pas

car vont

les choses de ce monde

comme les absents

vivre

des temps de grêle

 

 

 

8

Une âme sœur

sur une terre

et

les pas du marcheur incertain

dans le vent des étoiles

 

J’embrasse

en me levant

ta lèvre

en bord de mer

 

 

 

9

Sur un chemin

s’en est allée

la vulve de la terre

près d’une source en armes

 

J’embrasse

en bord de mer

comme un chant

        retenu

l’oubli du monde

et ton absence

 

 

 

10

Un rayon de soleil

quitte

comme une balle

son fusil

le mamelon rocheux

pour atteindre son cœur

le laisser

immobile

à même cette terre

qu’il n’avait pas choisie

 

 

 

11

Comme une balle

son fusil

immobile en son cœur

à la recherche des étoiles

qu’il n’avait pas

choisies

et d’amère passion

la douleur retenue

 

 

 

12

Timidement au crépuscule

un rayon de soleil

dans le vent de l’amour

    se retire

et monte dans le ciel

un regard inconnu

 

 

 

13

Ecartelée

demeure

comme l’amour

sa haute terre

Ton rival

se retire

il a perdu le jour

dans le vent triste au bois de rose

timidement

crépusculaire

 

 

 

14

Dans les pas du marcheur

le vent fouette

la mer

et son cœur

sur une terre en armes

égaré dans les cendres

 

O matin de vêture sombre

j’embrasse

en bord de mer

sa lèvre tendre et

le monde s’éteint

dans le silence

 

 

 

15

Au fil de l’eau

vienne un jour finissant

et de vêture sombre

lorsque du temps

il désespère

 

 

 

16

Emerge du néant

un fleuve indocile

où l’homme

naguère

avait posé sa trace

la nature

lentement

 

 

 

17

Le vent levé sur une terre

en armes

ondulant sous la mer

ton corps d’huile et de

feu

pétri dans la marée

le sable

s’endormant

 

 

 

18

Où l’homme avait posé

sa trace

terre au loin retenue

et lentement

dans le fleuve indocile

l’heure de la rupture

 

 

 

 

 

19

C’était un chemin noir

autrefois parcouru

le cœur battant des chevaux

intrépides

sur une terre armée

le cœur battant

dans ta poitrine

 

 

 

20

Un cœur battant

envahi de broussailles

qu’empruntaient les chevaux

de son corps indocile

sur un chemin de terre

en armes

face aux mondes sensibles

 

 

 

21

Tu as des yeux de nuit

des yeux

    d’ombre

où venaient autrefois

les chevaux de l’amour

se perdre

lorsqu’à la mer mourait

le fleuve

lentement

 

 

 

22

Dans le champ des étoiles

tu écoutes

le vent

souffle de terres attendues

qu’un marin

désespère

et dans l’ambiguïté du temps

tu songes maintenant

quel astre dans ta main

verra

l’espace clos des choses

appartenues

 

 

 

23

Monte la triste nuit

dans le champ des étoiles

en silence

tombée

et la mort

bicéphale

mon âme épouvantée

de n’être que l’âme

en noir

de nos hivernales beautés

 

 

 

24

Soyons terre

juste retour des choses

dans le temps

    végétal

m’étreint l’amour

       des ombres

 

25

Monte un chant retenu

tendu vers une étoile

et la rupture en nous

de la vie

chancelante.

 

Serge Bonnery


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