
1
Un cœur battant
dans ta poitrine
émerge du néant
face aux mondes
sensibles
Il fait une chaleur d’hiver
dans tes yeux
monotones
émerge un regard
indocile
qui du fleuve à la mer
se noie
et va l’éternité sur une
haute terre
2
Le monde
dans tes yeux
et le noir de la nuit sidérale
tu les nommeras
pesanteur
puis tu écouteras ton cœur
dans le chant des étoiles
un soir de transhumance
tandis que de la nuit monte un chœur
retenu
et que le vent du soir se fait silence
Quel astre
maintenant
dans tes racines illumine ta main
en prière
3
Un soir de transhumance
sois la terre
ou
son regard dans les étoiles
quand va l’éternité
De la nuit monte
en un chant retenu
l’angoisse des vivants
sur une haute terre
4
M’étreint un seul amour
celui des ombres
Mais voici l’épaisseur du temps
chancelante
et les étoiles
dans la nuit montent
un soir de transhumance
5
Dans le commencement du jour
monte un chant retenu
le sol s’ouvre
comme ta lèvre
une parole jaillit
une étrangère
que le monde saisit
à son premier matin
6
En bord de mer
ta silhouette
et ton regard
vers une haute terre
en attente d’une parole
7
Dans son regard fixée
l’attente
interminable du jour
qui lève
cependant que retourne l’amour
vers des terres
sans âme
l’immaculée n’existe pas
car vont
les choses de ce monde
comme les absents
vivre
des temps de grêle
8
Une âme sœur
sur une terre
et
les pas du marcheur incertain
dans le vent des étoiles
J’embrasse
en me levant
ta lèvre
en bord de mer
9
Sur un chemin
s’en est allée
la vulve de la terre
près d’une source en armes
J’embrasse
en bord de mer
comme un chant
retenu
l’oubli du monde
et ton absence
10
Un rayon de soleil
quitte
comme une balle
son fusil
le mamelon rocheux
pour atteindre son cœur
le laisser
immobile
à même cette terre
qu’il n’avait pas choisie
11
Comme une balle
son fusil
immobile en son cœur
à la recherche des étoiles
qu’il n’avait pas
choisies
et d’amère passion
la douleur retenue
12
Timidement au crépuscule
un rayon de soleil
dans le vent de l’amour
se retire
et monte dans le ciel
un regard inconnu
13
Ecartelée
demeure
comme l’amour
sa haute terre
Ton rival
se retire
il a perdu le jour
dans le vent triste au bois de rose
timidement
crépusculaire
14
Dans les pas du marcheur
le vent fouette
la mer
et son cœur
sur une terre en armes
égaré dans les cendres
O matin de vêture sombre
j’embrasse
en bord de mer
sa lèvre tendre et
le monde s’éteint
dans le silence
15
Au fil de l’eau
vienne un jour finissant
et de vêture sombre
lorsque du temps
il désespère
16
Emerge du néant
un fleuve indocile
où l’homme
naguère
avait posé sa trace
la nature
lentement
17
Le vent levé sur une terre
en armes
ondulant sous la mer
ton corps d’huile et de
feu
pétri dans la marée
le sable
s’endormant
18
Où l’homme avait posé
sa trace
terre au loin retenue
et lentement
dans le fleuve indocile
l’heure de la rupture
19
C’était un chemin noir
autrefois parcouru
le cœur battant des chevaux
intrépides
sur une terre armée
le cœur battant
dans ta poitrine
20
Un cœur battant
envahi de broussailles
qu’empruntaient les chevaux
de son corps indocile
sur un chemin de terre
en armes
face aux mondes sensibles
21
Tu as des yeux de nuit
des yeux
d’ombre
où venaient autrefois
les chevaux de l’amour
se perdre
lorsqu’à la mer mourait
le fleuve
lentement
22
Dans le champ des étoiles
tu écoutes
le vent
souffle de terres attendues
qu’un marin
désespère
et dans l’ambiguïté du temps
tu songes maintenant
quel astre dans ta main
verra
l’espace clos des choses
appartenues
23
Monte la triste nuit
dans le champ des étoiles
en silence
tombée
et la mort
bicéphale
mon âme épouvantée
de n’être que l’âme
en noir
de nos hivernales beautés
24
Soyons terre
juste retour des choses
dans le temps
végétal
m’étreint l’amour
des ombres
25
Monte un chant retenu
tendu vers une étoile
et la rupture en nous
de la vie
chancelante.
Serge Bonnery